Centre historique de Cayenne - Guyane française

[ Yâsimîn VAUTOR yasimin@ifrance.com ]

REHABILITATION ET DEVELOPPEMENT à travers la thématique du logement
L’Ile de Cayenne est ceinturée au nord, à l’Ouest par l’océan Atlantique et par la rivière de Cayenne, au Sud Ouest par la mangrove. La trame urbaine en damier issue de la période coloniale est clairement lisible : les voies structurent la ville en coupant le parcellaire de façon régulière. Mise à part l’extrême Ouest du centre-ville, occupé par les institutions et caractérisé par une architecture de représentation du Pouvoir, le bâti conserve une petite échelle composée pour l’essentiel de maisons individuelles et de petits immeubles de rapport ; des cœurs d’îlots verts sont perceptibles. Le parc immobilier y est relativement ancien, une forme bâtie traditionnelle fortement présente. Aujourd’hui, la ville de Cayenne comprend 50 600 habitants.

Stigmatisée par un sentiment général d’insécurité, marquée par une insalubrité qui affecte son bâti, la ville de Cayenne, boudée par les catégories aisées, présente une « image négative », « perd de son attractivité ». La disparition progressive de l’habitat traditionnel est annoncée du fait de l’état de dégradation de ce parc ancien sujet à un phénomène de délaissement patent. Le centre ville accuse des carences en terme d’offre, de confort, d’abordabilité des loyers et de salubrité. Une insalubrité s’installe en effet au cœur des îlots et affecte le bâti, les logements, favorisée par une absence quasi-totale d’équipements et de respect des normes techniques et d’entretien. Une exploitation locative des fonds de cours aggrave une situation déjà préoccupante. Cette surdensification anarchique et incontrôlée des parcelles se présente comme une réponse à la très forte demande de logements locatifs en centre ville, cela au détriment des populations les plus vulnérables. Capitale du seul territoire européen d’Amérique du Sud, Cayenne est un pôle d’immigration privilégié, recevant en grand nombre des populations issues de pays en développement (Surinam, Haïti, Brésil,…). Face à une demande toujours plus grande en logements, à des bailleurs sociaux dépassés, la situation tendue du marché favorise le développement de situations précaires, encourage l’apparition de logements sans permis de construire en fond de cour, contribue au développement de marchands de sommeil. Des propriétaires profitent en effet de cette situation pour « offrir » aux plus modestes, des logements précaires et indignes, dissimulés en fond de parcelle. Au sein de maisons créoles se développent de véritables cœurs d’îlots insalubres, habités par une population captive.
Dans ce contexte, l’accès au logement, au logement décent et salubre constitue un enjeu primordial dans une politique de requalification du centre historique. C’est dans une optique de préservation des populations existantes, authentiques acteurs de la ville, que je souhaite situer mon travail. Au-delà des préoccupations qui tournent autour de la question d’image et d’attractivité de la capitale, je voudrais centrer mon étude sur la recherche, si ce n’est de solutions, du moins d’éléments de réflexion, voire de réponses appropriées, au mal logement qui touche profondément la société cayennaise.

Sujet de Travail Personnel de Fin d’Etude, Ecole d’Architecture de Paris-la-Vilette - janvier 2006.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home